Le final d’anthologie au sommet Granon en 2022 est encore dans tous les esprits. Un col qui résonne toujours du mano à mano entre Jonas VINGEGAARD et Tadej POGACAR et  du succès d’anthologie du danois, ramenant également son maillot jaune jusqu’à Paris pour son premier Tour de France. Un épisode de légende qui restera dans les annales, comme celui de 1986 et l’avènement de Greg LEMOND face à Bernard HINAULT dans ce même Granon, de 2017 et Warren BARGUIL les bras levés au sommet de l’Izoard, de 2011 et le duel époustouflant entre Andy SCHLECK et Thomas VOECKLER sur les pentes du Galibier, ou l’édition de 2003 avec la terrible chute de l’espagnol Joseba BELOKI dans la descente de la Rochette (Gap) et le passage à travers champ de Lance ARMSTRONG. Et comment ne pas évoquer l’envol de Luis OCANA sur la route d’Orcières-Merlette en 1971 face à Eddy MERCKX ou les épisodes non moins savoureux des chevauchées solitaires de Louison BOBET (1953) et de Gino BARTALI (1938) dans la Casse Déserte de l’Izoard.

Depuis près d’un siècle, les Hautes-Alpes ont régulièrement signé quelques-unes des plus belles pages de l’histoire du Tour de France. Flashback.  


 

1905 : Le Tour découvre le col Bayard et les Alpes du Sud

 

Source Gallica. bnf.fr / journal L’Auto

En 1905, pour la troisième édition du Tour de France, 60 coureurs sont départ de Paris et vont disputer onze étapes (au lieu de six auparavant) avec de nouvelles villes comme Nancy, La Rochelle, Rennes ou Grenoble. C’est à Grenoble, la Capitale des Alpes, que débute le 16 juillet, une quatrième et redoutable étape de près de 342 km vers Toulon. L’occasion pour le peloton de découvrir les Alpes du Sud et la moyenne montagne dont la Côte de Laffrey et surtout la descente du col Bayard avec le passage de Julien MAITRON, accompagné d’Hyppolyte AUCOUTURIER et de Germain FOURCHOTTE. De l’inédit et une première pour les Hautes-Alpes qui fera écrire à Henri DESGRANGE dans sa chronique du journal L’Auto à Gap : « Remarque curieuse : Aucouturier, Maitron et Fourchotte ont mis 4 heures à faire le parcours de Grenoble à Gap, que l’ancienne diligence attelée de six chevaux, plus quatre de renfort dans les côtés, mettait 12 heures à parcourir jadis ».

 

1911 : Emile GEORGET : « Entre le tunnel du métro et celui du Galibier, je préfère encore le métro ! »

Source Gallica. bnf.fr / journal L’Auto

Première au Galibier en ce 12 juillet 1911 sur l’étape Grenoble-Nice (348 km). La consécration pour Emile GEORGET qui, sans poser un pied à terre, s’envole dans la montée sud du Galibier, laissant à plus d’un quart d’heure ses poursuivants comme Paul DUBOC et Gustave GARRIGOU. Au tunnel du Galibier (qui permet de passer le sommet entre les Hautes-Alpes et la Savoie), il lance : « Ceux qui ont creusé le tunnel auraient pu l’ouvrir en bas ! Il aurait été un peu plus long, sans doute, mais cela nous aurait épargné le martyre. Entre le tunnel du métro et le sommet du Galibier, eh bien, je préfère encore le métro…  ».

Le « sommet des guerriers » vient d’entrer dans l’histoire et dans la légende du Tour de France, sous le regard jubilatoire du directeur de l’épreuve, Henri DESGRANGE dont une stèle à sa mémoire, sera érigée non loin du tunnel en 1949. Quant à Emile GEORGET, héros de la journée, il terminera troisième du Tour 1911. Emile à jamais le premier au Galibier…

 

1919 : Eugène CHRISTOPHE, premier maillot jaune

Source Gallica. bnf.fr / journal L’Auto

Premier Tour de France au lendemain de la Grande Guerre, le plus long depuis la création de l’épreuve en 1905 avec 5560 km (15 étapes). A la veille de l’invention du maillot jaune, c’est de Nice que s’élancent les coureurs du Tour de France le 18 juillet 1919 pour une longue étape de montagne vers Grenoble (333 km). Au menu du jour : le col d’Allos puis Barcelonnette et Gap. Puis vient le col Bayard (emprunté pour la dixième fois depuis 1905), Corps, La Mure, Vizille et Grenoble. Une route qui sera baptisée en 1932, « Route Napoléon », évocation de l’itinéraire emprunté par l’Empereur Napoléon 1er à son retour d’exil de l’Ile d’Elbe en 1815.
C’est l’étape qui confirme la suprématie d’Honoré BARTHELEMY sur les routes des Alpes du Sud, qui passe en tête le sommet du Col Bayard avec 14 minutes d’avance sur Jean ALAVOINE, malgré la souffrance occasionnée par des ongles incarnés. A Grenoble, Eugène CHRISTOPHE, leader au général depuis les Sables-d’Olonne se voit officiellement attribuer le premier maillot jaune de l’histoire.

 

1922 : « Jeunes Premiers » sur la Route des Grandes Alpes

Source Gallica. bnf.fr / journal L’Auto

13 juillet 1922. Etape Nice-Briançon (274 km). Sur la Route des Grandes Alpes, les cols de Vars et de l’Izoard font leur apparition et rejoignent le Galibier sur la liste des sommets du Tour de France. C’est au belge Philippe THYS (vainqueur des Tours 1913-1914-1920) que revient l’honneur de “déflorer” le premier les deux cols haut-alpins avant d’aller chercher une victoire inédite à Briançon en un peu plus de 12h50 d’une course mêlée de froid et de chaleur, tandis que le français Jean ALAVOINE conserve son maillot jaune. Le soir même à Briançon, Henri DESGRANGE écrira dans sa chronique du journal L’Auto : « Je voudrais vous dire l’invraisemblable panorama de cette étape, la place qu’elle doit prendre parmi les étapes les plus difficiles, le rôle qu’elle jouera dans notre course l’année prochaine ». Il ne croyait pas si bien dire à la simple évocation du désert lunaire de la Casse Déserte de l’Izoard…

 

1937 : La chute de BARTALI dans l’eau froide du Couleau !

Source Gallica. bnf.fr / journal Le Petit Parisien

Jeudi 8 juillet 1937. Après avoir endossé la veille le maillot jaune à Grenoble pour son premier Tour de France, Gino BARTALI prend tous les risques sur l’étape vers Briançon. Dans la remontée du Val de Durance après Embrun et Châteauroux, l’italien glisse sur une route mouillée par la pluie, heurte le parapet d’un pont et tombe dans l’eau gelée du torrent du Couleau en amont de Saint-Clément avec Francesco CAMUSSO et Jules ROSSI, ses deux coéquipiers. Gino en sang est groggy remonte du lit de la rivière et repart, touché à l’épaule et aux reins. Il parvient néanmoins à conserver son maillot jaune à Briançon malgré la victoire de l’allemand Otto WECKERLING. Très éprouvé par sa chute, BARTALI perdra 22 minutes le lendemain entre Briançon et Digne (via les cols de l’Izoard, de Vars et d’Allos) ainsi que son maillot jaune avant d’abandonner quatre jours plus tard. Il prendra sa revanche l’année suivante, en remportant le Tour de France.     

 

1938Gino BARTALI s’envole dans les Alpes !

Source Gallica. bnf.fr / journal L’Auto

C’est le plus grand exploit de l’avant-guerre sur le Tour de France. A 24 ans, auréolé de sa victoire dans la classique Milan-San Remo puis d’une seconde place au Giro, l’italien Gino BARTALI est en route vers son premier sacre. Le 22 juillet 1938, il lance une offensive de grande envergure dans le col de l’Izoard sur l’étape Digne-Briançon (219 km). « Gino le pieux » la remporte en solitaire au pied des remparts de Briançon et s’empare du maillot jaune alors détenu par le belge Félicien VERVAECKE. Une précieuse tunique que l’italien conservera jusqu’à Paris. Une première. Treize ans après Ottavio BOTTECCHIA, un italien allait triompher sur le Tour de France.
Inaugurée en 2000 par la commune de Briançon, une plaque de marbre commémorative, installée sous le porche de la Porte de Pignerol, à quelques centaines de mètres du Champ de Mars, rappelle d’ailleurs les exploits de Gino BARTALI sur le Tour de France et sur le Giro d’Italie entre 1936 et 1949.

 

1939 : Sylvère MAES sacré à Briançon avec 17 minutes d’avance !

Source Gallica. bnf.fr

Le 26 juillet 1939, un an après l’italien Gino BARTALI, le belge Sylvère MAES entre dans la lumière à Briançon. Pour son sixième (et dernier Tour de France), il signe lui aussi dans la Casse Déserte de l’Izoard, l’exploit de dominer et de corriger le français René VIETTO avant d’arriver avec 17 minutes d’avance sur son rival dans la ville haute. Le belge endosse alors le maillot jaune puis celui du Grand Prix de la Montagne. A Paris, il inscrit son nom au palmarès pour la deuxième fois (après 1936) mais déclare : « Le Tour est devenu beaucoup trop dur avec ses nombreuses étapes contre-la-montre et son accumulation de cols ! Les régionaux français provoquant la bataille tous les jours, et ceux qui organisent leur course en fonction du classement général sont obligés de suivre. Vous ne me reverrez plus dans cette galère ! ». Quelques semaines plus tard, un vent mauvais venu de l’Est, soufflera sur l’Europe et le monde…

 

1949 : Un monument au Galibier pour célébrer « l’Acte d’Adoration » d’Henri DESGRANGE

Source Gallica. bnf.fr

« O Sappey! ô Laffrey! ô col Bayard! ô Tourmalet! Je ne faillirai pas à mon devoir en écrivant qu’à côté du Galibier, vous n’êtes que de la pâle et vulgaire bibine ! ». Dans son éditorial publié dans les colonnes du journal l’Auto, Henri DESGRANGE signe en 1911, son célèbre « Acte d’Adoration » à la simple évocation de sa découverte : le col du Galibier.

Henri DESGRANGE, créateur du Tour de France en mémoire duquel, on inaugura en 1949 dans ce col, un monument à quelques mètres de l’entrée du tunnel du Galibier (versant Hautes-Alpes). « A la gloire de Henri Desgrange (1865-1940), ancien Directeur du Journal l’Auto, créateur du Tour de France Cycliste » peut-on lire gravé dans la pierre du monolithe de 6 mètres (réalisé par l’architecte lyonnais Alexandre Audouze-Tabourin pour l’Entreprise Française de Constructions et de Travaux Publics) à l’endroit même où l’homme avait coutume de se positionner pour pointer le passage des coureurs sur la route de ce géant des Alpes et commencer la rédaction de ses chroniques publiées le lendemain dans son journal.

A noter que depuis 1952, lors d’un passage d’étape, le premier coureur franchissant le col du Galibier, se voit attribuer le « Souvenir Henri Desgrange » avec une prime d’environ 5000 €.

 

1949 : Quand la légende s’écrit en italien

Source Gallica. bnf.fr / La Gazzetta dello sport

Juillet 1949. Fausto COPPI vient de remporter son troisième Tour d’Italie tandis que son compatriote Gino BARTALI est encore auréolé d’un second Tour de France obtenu de haute volée en 1948. Mais comment faire cohabiter ces deux légendes du cyclisme transalpin à l’aube du coup d’envoi du Tour de France 1949 ? Après un pacte scellé entre les deux hommes, COPPI qui n’est pas au mieux de sa forme aborde les Alpes avec fébrilité pour sa première grande boucle. Après des débuts mitigés, « le Campionissimo » passe à l’offensive dans le Col de l’Izoard, accompagné de BARTALI. Et ce dernier de lui lancer : « Terminons ensemble. J’ai trente-cinq ans aujourd’hui, tu n’en a que trente. Tu es le plus fort, demain tu gagneras le Tour ! ». Après avoir passé le sommet de l’Izoard en tête, COPPI « baisse la garde » et laisse la victoire d’étape et le maillot jaune au vieux Gino sur le Champ de Mars à Briançon. Qu’importe. Le lendemain, en terre italienne, Fausto COPPI vainqueur de l’étape Briançon-Aoste, endossera le maillot jaune et le ramènera jusqu’à Paris, signant ainsi à quelques semaines d’intervalle, le prestigieux doublé Tour d’Italie/Tour de France.
Plus tard, sur la tombe de Fausto COPPI dans son village piémontais de Castellania, on déposera le 13 juillet 1960, une urne contenant de la terre du col de l’Izoard et du Galibier. Un ultime hommage de la montagne au champion.

 

1953 : Louison BOBET a marché sur la lune !

Source Gallica. bnf.fr / journal l’Equipe / P. Domeyne

On le surnomme « l’homme de l’Izoard ». C’est dans ce col des Hautes-Alpes et sa fameuse « Casse Déserte » semblable à un paysage lunaire, que Louison BOBET a bâti sa légende et remporté ses plus beaux trophées comme ce jour du 22 juillet 1953 où il construit en solitaire dans l’Izoard, son premier succès sur le Tour de France. Une victoire d’étape à Briançon doublée du maillot jaune. L’année suivante, il rééditera le même exploit face au suisse Ferdi KUBLER, faisant taire définitivement toute opposition sur le Grande Boucle.

En 1983, en bordure de la route de la Casse Déserte, sera inaugurée une plaque commémorative dédiée à Louison BOBET suite à une souscription des lecteurs de L’ÉQUIPE, trente ans après l’exploit de 1953 du français. Une plaque adossée à celle de Fausto COPPI, installée en 1960 (après le décès du campionissimo). BOBET et COPPI, deux légendes du Tour de France, célébrées ensemble sur le terrain même de leurs exploits. « C’est le privilège de l’Izoard de distinguer le champion », avait coutume de signaler Jacques GODDET, directeur du Tour durant plus de cinquante ans. Tout est dit.

 

1971 : Luis OCANA ou la symphonie inachevée

Archives OT Orcières-Merlette

Désigné comme le grand rival d’Eddy MERCKX dans le Tour de France 1971, l’espagnol Luis OCANA choisi le 8 juillet dans les Alpes pour porter son estocade entre Grenoble et la station d’Orcières-Merlette. Tandis que le belge est décramponné dès la première difficulté du jour, OCANA s’échappe avec le portugais Joaquim AGOSTINO, Joop ZOETEMELK et Lucien VAN IMPE. Dans le Dévoluy, lors de la montée du col du Noyer, l’espagnol se dresse sur ses pédales et se débarrasse de ses trois compagnons d’échappée. Sans faiblir, il poursuit sa chevauchée et franchit la ligne d’arrivée en solitaire à Orcières-Merlette. Eddy MERCKX lui concède huit minutes et quarante-deux secondes et lui abandonne son premier maillot jaune. Ce dernier déclara à la presse : « Aujourd’hui Ocana nous a maté comme El Cordobès dans l’arène mate ses taureaux ». Quelques jours plus tard, dans les Pyrénées, une terrible chute dans le col de Manté viendra anéantir ses espoirs de victoire dans le Tour de France.  

 

1975 : Bernard THEVENET plane au-dessus de l’Izoard


Source l’Equipe / P. Domeyne

Quel Tour 1975 ! Après avoir été frappé au ventre le 11 juillet par un spectateur au sommet du Puy-de-Dôme, Eddy MERCKX parvient à garder son maillot jaune avant la journée de repos et le transfert vers Nice, ville départ d’une étape de montagne restée mythique entre la cité de la Baie des Anges et Pra-Loup. Se sentant très fort, le français Bernard THEVENET parvient à s’imposer au sommet de la station de l’Ubaye et à déposséder le belge de sa tunique jaune pourtant en lice pour un sixième sacre sur le Tour de France. Toujours survolté, il réédite son exploit le lendemain entre Barcelonnette et Serre Chevalier après avoir attaqué dès les premiers lacets du col de l’Izoard. Le matin même de cette étape, Louison BOBET était venu lui glisser à l’oreille : « Pour devenir un grand du vélo, faut franchir l’Izoard en tête avec le maillot jaune ». Et le français de déclarer un peu plus tard à l’arrivée : « Il y avait une foule énorme dans l’Izoard qui remplissait la route et s’écartait au dernier moment. C’était une vraie communion entre le public et moi ». THEVENET semble planer au-dessus de la Grande Boucle. Une semaine plus tard, il remporte son premier Tour de France devant MERCKX.

 

1986 : Greg LEMOND ou l’avènement du « Nouveau Monde » au Granon

Source Le Dauphiné Libéré

On dit que la route du Granon peut vous fait vivre un calvaire ou vous emmener au paradis. Le 20 juillet 1986, dans la montée du Col du Granon, sous un soleil de plomb, Bernard HINAULT vit ses dernières heures en jaune au terme d’un duel fratricide avec la star montante du cyclisme, l’Américain Greg LEMOND. Un duel fratricide entre deux coureurs qui évoluent dans la même équipe (la Vie Claire de Bernard Tapie). Si l’espagnol Eduardo CHOZAS gagne l’étape, LEMOND dépose HINAULT et lui enlève le maillot jaune. Une prise de pouvoir qui, selon la légende, aura des répercutions au-delà des frontières, favorisant le développement du cyclisme aux Etats-Unis. Quant à Bernard HINAULT, il ne gagnera jamais de sixième Tour de France. La fin d’un mythe et l’avènement d’un nouveau monde au sommet du Granon balayé par les vents. Le roi est mort, vive le roi !

2003 : BELOKI chute, ARMSTRONG laboure à Gap !

Source Le Dauphiné Libéré

Ce sont des images qui ont fait le tour du monde. Le 14 juillet 2003, à quelques kilomètres de l’arrivée à Gap, sous un soleil de plomb et sur un bitume en fusion, Joseba BELOKI (deuxième au général) et Lance ARMSTRONG (maillot jaune) filent vers l’arrivée. Le kazakh Alexandre VINOKOUROV est en chasse. Dans la descente du Col de Manse (lieu-dit La Rochette) rendue dangereuse par la chaleur intense qui fait fondre le goudron, l’espagnol chute lourdement à la sortie d’une épingle en devers, passant par-dessus son vélo. Resté dans sa roue, l’américain l’évite dans un réflexe de coureur de cyclo-cross, saute un fossé et coupe à travers champ pour reprendre la route un lacet plus bas. Entre-temps, VINOKOUROV est passé et s’en va remporter la victoire à Gap. Blessé, l’espagnol ne reviendra à la compétition qu’en 2004 sans jamais retrouver son véritable niveau. Quant à ARMSTRONG, l’histoire prendra bientôt un nouveau tour…

 

2011 : Andy SCHLECK et Thomas VOEKCLER fêtent le centenaire du Galibier

Source ASO / P. Domeyne

Il y a cent ans, le 12 juillet 1911, le col du Galibier voyait passer les premiers coureurs de son histoire. Le belge Emile GEORGET fut le premier d’entre-eux à passer au sommet lors de la longue étape Grenoble-Nice (348 km). Pour fêter le centenaire de cette journée, le Tour de France choisi le 21 juillet 2011 pour faire au sommet, à 2642 m d’altitude, la plus haute arrivée de l’histoire du Tour de France. Cette année-là, Andy SCHLECK attaque à 60 km de l’arrivée de cette étape venue d’Italie (Pinerolo) via les cols Agnel et de l’Izoard. Une étape de rêve qui va marquer l’histoire de la Grande Boucle. Alors quatrième général, le Luxembourgeois creuse rapidement l’écart sur le groupe maillot jaune du français Thomas VOECKLER. Au sommet du Galibier, il lève enfin les bras avec plus de deux minutes d’avance sur son frère Fränk. Pour 15 secondes, Thomas VOECKLER conserve son maillot jaune. Historique !

 

2013 : Christopher FROOME, roi du chrono de Serre-Ponçon

P. Domeyne

100ème édition du Tour de France. Après avoir écrasé la course au sommet du Mont Ventoux trois jours auparavant, l’anglais Christopher FROOME fait taire définitivement la concurrence sur le chrono individuel de 32 km entre Embrun et Chorges, le 17 juillet 2013. Sur la route sinueuse tracée sur les hauteurs du lac de Serre-Ponçon, le britannique devance l’espagnol Alberto CONTADOR de 9 secondes et Joaquim RODRIGUEZ de 10 secondes. Une étape marquée par l’abandon du français Jean-Christophe PERAUD, victime d’une terrible chute à deux kilomètres de l’arrivée. Au général, FROOME conforte son maillot jaune. Quelques jours plus tard, c’est à Paris sur les Champs Elysées qu’il remportera le premier de ses quatre Tour de France.

 

2017 : Warren BARGUIL : de l’inédit au sommet de l’Izoard

P. Domeyne

Après le Galibier en 2011, les organisateurs décident de dresser une arrivée d’étape au sommet du Col de l’Izoard, le 20 juillet 2017. Une dimension prestigieuse pour une étape entre Briançon et l’Izoard. Un clin d’œil à ce col mythique et à une Casse Déserte qui semble résonner encore aux exploits passés de BARTALI, COPPI ou BOBET. Dans son maillot à pois de Meilleur Grimpeur, le français Warren BARGUIL, les bras dressés vers le ciel haut-alpin, s’adjuge le plus beau succès de sa carrière en solitaire après avoir déposé successivement dans la montée, le colombien ATAPUMA et Rigoberto URAN, le français Romain BARDET et le maillot jaune Christopher FROOME. Moins affuté en montagne cette année-là, l’anglais remportera néanmoins son quatrième Tour de France quelques jours plus tard.

 

2019 : Noces d’argent à Gap !

P. Domeyne

Anniversaire ! En 2019, Gap accueille pour la 25ème fois le Tour de France avec un final sur l’avenue Foch, considérée par les organisateurs du Tour de France comme « la plus belle ligne d’arrivée après celle des Champs Elysées ».
Depuis 1931, date de la victoire de Jef DEMUYSERE sous les platanes de l’avenue Jean Jaurès, Gap est une étape majeure au pied des Alpes. André LEDUCQ (1933), Georges SPEICHER (1934), Raphael GEMINIANI (1950), Jean-François BERNARD (1986), Alexandre VINOKOUROV (2003), Ruben PLAZA MOLIMA (2015) ou plus récemment Mattéo TRENTIN (2019), y ont inscrit leurs noms au palmarès d’une ville qui affiche fièrement sa proximité avec le monde du vélo, hôte en Août 1972, des épreuves en ligne du Championnat du Monde de cyclisme sur route.

 

2022 : Le « coup de Granon » de Jonas VINGEGAARD

P. Domeyne

Il y avait le millésime « Granon 1986 » frappé du duel entre Bernard HINAULT et Greg LEMOND. L’histoire du Tour de France retiendra désormais le cru « Granon 2022 » et la joute incroyable entre le maillot jaune du slovène Tadej POGACAR et le danois Jonas VINGEGAARD. 11,3 km d’une montée interminable en très haute altitude (avec des passages à 10 %) qui fera dire à Christian PRUDHOMME, Directeur du Tour de France : « On avait la volonté de trouver une arrivée emblématique et très dure : c’est le col du Granon ». Un col taillé pour écrire une nouvelle page de la légende en ce jour orageux du 13 juillet 2022. Une ascension qui va « retourner le classement général » avec la victoire du danois en solidaire à 2413 m après avoir véritablement déposé le maillot jaune slovène dans les derniers lacets. Et Jonas VINGEGAARD de revêtir ensuite la précieuse tunique, tunique qu’il ramènera jusqu’à Paris pour empocher son premier Tour de France. Une étape qui restera dans les annales comme l’une des plus belles de ces trente dernières années.